- – vendredi, 08 mars 2024 12:29
(Investir au Cameroun) – Le conseil d’administration de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), réuni en session extraordinaire le 29 février 2024 à Yaoundé, « a autorisé le Cabinet Ernst & Young Congo à procéder à la certification des comptes de la Beac pour les exercices 2023 et 2024 », informe la banque centrale des six pays de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, RCA et Tchad) dans un communiqué publié le 4 mars 2024 sur le site internet.
En clair, le Conseil d’administration de l’institut d’émission des pays de la Cemac confie à la représentation congolaise du géant mondial de l’audit et du conseil Ernst & Young Global (EY Global), un mandat normalement dévolu à la camerounaise. En effet, apprend-on de sources généralement bien informées, ECA-Ernst & Young Cameroun a été désigné commissaire aux comptes de la Beac en 2019 pour une durée de 3 ans. Ce contrat a été renouvelé en 2022 pour trois exercices supplémentaires. Mais, avant sa fin en cette année 2024, le mandat de ECA-Ernst & Young Cameroun vient manifestement de lui être retiré au profit de Ernst & Young Congo.
Dans son communiqué, la Beac n’explique pas sa décision. On sait néanmoins que depuis septembre 2023, la représentation camerounaise d’Ernst & Young est minée par un conflit. L’avocat camerounais Joseph Pagop Noupoué, qui assurait jusqu’ici les fonctions de représentant de Ernst & Young dans le pays s’est brouillé avec la maison-mère de EY Global.
Suite à cette brouille, une nouvelle direction a été mise en place. Elle est chapeautée à titre intérimaire par Erik Watremez, l’actuel représentant pays pour le Gabon. Et Abdoulaye Nchingou Mouchili et Anselme Patipewe coiffent respectivement les branches audit et fiscalité. Mais ces décisions sont contestées par M. Pagop qui a rebaptisé les sociétés Ernst & Young Cameroon Sarl et ECA Ernst & Young Cameroun S.A., respectivement en ECA Tax & Legal et ECA S.A. Depuis lors, les deux camps se disputent les actifs de ECA Ernst & Young Cameroun dont les clients.
Actuellement, cette bataille se poursuit devant les tribunaux où plusieurs procédures sont pendantes. Une situation qui met dans l’embarras les clients de ECA Ernst & Young Cameroun qui compte dans son portefeuille des entreprises comme BGFIBank Cameroun, Société Générale Cameroun, MTN Cameroun, Chococam, UBA Cameroun, ou encore les filiales camerounaises de Globeleq (KPDC et DPDC). Le conflit menace aussi 120 emplois.
Brice R. Mbodiam