TOUADERA EN BALADE A LIBREVILLE (suite)
LE CALVAIRE DU DICTATEUR DE BANGUI…
(Par Ernest LAKOUÉTÉNÉ-YALET)
Il y a 3 jours, je m’insurgeais contre la énième balade à Libreville de Touadéra Faustin. Le coup d’Etat du 30 août et la Transition en cours au Gabon lui servent de prétexte pour ses fréquentes incursions à Libreville ! La présence de ce tyran commence à se banaliser.
Tout compte fait, il est et on est tous conscient qu’il n’apporte rien, ne facilite en rien le processus politique en cours, pas même une caution morale…
C’est donc sans surprise qu’on a encore vu sa volumineuse silhouette apparaître lors de la cérémonie de clôture du Dialogue National Inclusif (DNI). On se dit : finalement, s’il peut profiter de l’occasion pour s’instruire, apprendre quelque chose de la politique, pourquoi pas?
1 – Parmi les leçons politiques que le Gabon lui aura inculquées, il y a la signification de l’expression « Dialogue Inclusif »
En 2022, après tout un tapage médiatique ennuyeux, alors que les Forces Vives du pays (l’opposition démocratique, l’opposition armée, la société civile, les confessions religieuses, etc…. ont appelé à l’organisation d’un « Dialogue politique INCLUSIF », seule issue pour sortir le pays de la profonde crise généralisée que son régime aggrave mois après mois; appel approuvé et appuyé par la communauté internationale, Touadéra s’est cru plus malin, et a évacué le terme « inclusif » pour le remplacer par ce qu’il a appelé un « Dialogue républicain « ! En fait, un grossier subterfuge qui lui a permis de réunir à la hâte ses amis, alliés, complices, et courtisans. Cette réunion expéditive de six jours (21-27 mars 2022) s’est révélée creuse, stérile, improductive, comme tous les observateurs sensés l’ont annoncé.
A Libreville, Touadéra a vu, vécu et a feint de comprendre (du moins en apparence) ce qui s’appelle un Dialogue National INCLUSIF !
Les 680 participants issus de toutes les couches et sensibilités du pays et de la diaspora ont débattu, 1 mois durant (1er – 30 avril), au sein d’une douzaine de commissions et des dizaines de sous-commissions, de tous les sujets d’intérêt national. Auparavant, 6 mois durant, les citoyennes et citoyens de tous âges et toutes conditions ont formulé la bagatelle de trente-huit mille (38 000) contributions qui ont servi de base de travail au Dialogue.
Plus de mille (1000) recommandations en sont issues…
Touadéra Faustin a été forcément édifié. Il a vu et appris comment on procède, lorsqu’on est des Responsables et des Politiques Déterminés, animés par le souci de Pacification et de Développement de son Pays. On ne s’abandonne pas à des amusements de quartier et à des agitations puériles sans résultats et sans lendemain, comme le petit court-métrage offert en 6 jours à Bangui en mars 2022 l’a montré.
Écoutons à ce propos le poète en herbe de Boy – Rabe qui, le 30 avril, n’a pas tari d’éloges dans sa congratulation théâtrale au Général OLIGUI, dont il a salué l’initiative avec des trémolos émotifs dans la voix : A l’entendre, ce Dialogue National Inclusif 《aura permis au peuple gabonais de démontrer à suffisance sa maturité, son sens élevé des responsabilités et de patriotisme en posant les bases d’un Gabon Nouveau, solide, solidaire et démocratique. Un chemin privilégié pour bâtir la paix et construire une société plus juste et fraternelle.》
Exactement tout ce que le Dialogue Politique INCLUSIF Centrafricain souhaité, appelé de partout aurait enclenché.
Mais le même Touadéra qui l’a rejeté chez lui là-bas, l’encense et le chante à Libreville! Allez-y comprendre quelque chose!!
Dans sa curieuse logique très mathématicienne, quand une chose est parfaite et à saluer, c’est bon pour les autres, pas pour son pays et son peuple.
Mais quand on connaît un peu cet amuseur public, on sait qu’il ne croyait pas un mot de son petit refrain improvisé, entonné juste pour faire plaisir à ses gentils hôtes.
C’est ça qui est la vérité, comme disent les Ivoiriens!
2/ Mais le summum du calvaire de ce dictateur a été quand, immobile, bouche bée, un peu perdu, il a dû écouter la longue lecture des principales résolutions adoptées par le Dialogue
A ce moment, le profond malaise de Touadéra se lisait sur son visage. Pourquoi?
Parce que ces résolutions basiques, qui doivent être inscrites dans la nouvelle Constitution du Gabon, et fortement acclamées par une salle comble, ont résonné dans sa tête comme des réponses cinglantes faites directement à l’homme qui, depuis au moins 2020, n’en finit pas de détricoter la belle et bonne Constitution de la RCA, plébiscitée en son temps à plus de 94% par la population, promulguée la 30 mars 2016, et sur laquelle il a prêté Serment à 2 reprises de la respecter et la faire respecter, la protéger et la défendre.
Mais en réalité, il a menti. Il a violé son double Serment (devant Dieu et devant la Nation); il a trahi son peuple…
L’ossature de la future Constitution gabonaise reflète parfaitement la Constitution centrafricaine du 30 mars 2016.
Le Gabon s’apprête à inscrire sa Loi fondamentale à l’opposé des lubies dictatoriales de Touadéra.
Voici quelques exemples de ces résolutions :
- Consacrer l’intangibilité de la séparation des pouvoirs dans la nouvelle Constitution [Contrairement à ce qu’a fait Touadéra] ;
- Consacrer l’interdiction de réviser le nombre et la durée du mandat du Président de la République. [Contrairement à ce qu’a fait Touadéra] ;
- Réaffirmer la Cour Constitutionnelle comme garante juridictionnelle de la Constitution, tout en renforçant son autonomie, son indépendance et l’autorité de ses décisions [Contrairement à Touadéra qui en a fait un simple instrument de ses abus de pouvoir] ;
- Consacrer la préférence nationale dans tous les domaines de la vie de la nation [Touadéra a bradé le pays et le livre par pans entiers à ses complices, mafieux, mercenaires, grands bandits…] ;
- Fixer le mandat présidentiel à 7 ans renouvelable une (1) fois ;
- Fixer les autres mandats électifs à 5 ans renouvelable [Touadéra, dans son rêve fou de pouvoir à vie, a supprimé cette restriction, le Président peut désormais rester éternellement au pouvoir];
- Consacrer l’intangibilité et l’inviolabilité Constitutionnelles de la durée et du nombre de mandats électifs, etc.
Les oreilles du pauvre Touadéra ont sifflé en écoutant ces résolutions. Plus de 2 heures durant, il a dû comprendre que le monde est en train d’aller dans une direction, tandis que lui, enfoncé son pays et son peuple dans un bourbier…
En définitive, ses pairs de la CEEAC lui ont indirectement rendu un petit service : lui qui va d’échec en échec depuis 8 ans, qu’il aille au Gabon apprendre des choses.
Pas certain qu’il ait appris grand-chose, mais bon…!
4 mai 2024
Ernest LAKOUÉTÉNÉ-YALET